LE CADRE GENERAL
La commune de SAINT-SULPICE DE GRAIMBOUVILLE est située en bordure du Lieuvin, plateau constitué d'une couche de limon d'épaisseur variable reposant sur de l'argile à silex sur un substrat calcaire.
Les terres y sont lourdes et 11ées à un climat humide, favorisent l'herbage. Seule l'apparition d'un matériel agraire puissant a permis d'y développer la grande culture à base essentiellement de plantes industrielles, et ce, sur de grandes parcelles, ce qui ne va pas sans une profonde transformation du paysage.
Le Lieuvin est bordé du Nord par la rive gauche de l'Estuaire de la Seine qui le sépare du Caux, à l'Est par la vallée de la Risle sur le versant opposé de laquelle s'étale le Roumois, à l'Ouest par les vallées de la Morelle et de la Calonne qui servent de limites au Pays d'Auge, 11 rejoint le pays d'Ouche au Sud.
Il est ainsi circonscrit par un ensemble de "Pays" auxquels il peut s'apparenter sans toutefois leur appartenir véritablement ; le Lieuvin sert de transition douce entre la Haute Normandie largement typée sur le plateau de Caux et la Basse Normandie qui s'exprime déjà fortement dans le pays d'Auge. Il n'offre plus l'âpreté farouche, voire austère du Grand Caux, sans pour autant posséder le charme secret du pays d'Auge. Il reste certes un pays de bocage, mais au maillage plus large et déjà fortement entame par la grande culture et n'ayant jamais eu la structure fortement affirmée du clos masure Cauchoix, ni la trame serrée du bocage Bas Normand ; il apparaît ainsi comme un pays de transition qui reste encore harmonieux et pittoresque, tout au moins là où la grande culture génératrice d'openfield ne l'a pas trop pénétré. Comme les pays qui le bordent, à l'exception du Caux avec lequel le clivage est important, compte tenu des conditions géographiques, et le Neubourg trop méridional, 11 reste un pays d'herbage, au même titre que le bocage Bas Normand, et donc, un pays d'élevage essentiellement bovin. L'élevage du cheval est présent mais dans une bien moindre proportion qu'en Basse Normandie proche, sans oublier l'existence d'un blevage ovin peu important mais omniprésent, en particulier sur les herbages des pentes et des fonds de wallée ainsi que dans les cours complantées.
LE CADRE COMMUNAL
SITUATION :
La commune de SAINT-SULPICE DE GRAIMBOUVILLE se trouve à 72 km au Nord-Ouest 'EVREUX, à 52 km à l'Ouest de ROUEN, à 11 km à l'Est de BEUZEVILLE et à 6 km au NordOuest de PONT-AUDEMER. Administrativement, elle se situe dans le canton de BEUZEVILLE, arrondissement de BERNAY, son territoire couvre une superficie de 432 ha. La commune est traversée par le CD 312 et par la Risle.
GEOMORPHOLOGIE :
La situation de la commune en bordure du plateau du LIEUVIN, fait que son territoire présente une grande variété géomorphologique. Ainsi, en allant du Sud-Ouest vers le Nord-Est, nous trouvons : En limite de la commune de SAINT-MACLOU et sur près d'un tiers du territoire, le plateau typique du LIEUVIN, avec cependant une trame bocagère mieux conservée que sur les communes! avoisinantes (SAINT-MACLOU - POULBEC - TOUTAINVILLE), cette trame bocagère se confond d'ailleurs avec celle de SAINT-MACLOU au lieu-dit : "La Brière" et de FOULBEC au lieu-dit : CABEAUMONT". C'est dans cette partie de la commune que se trouve le point culminant 117 mètres à la Mare GUEROULT". Après le chemin vicinal, FOULBEC - TOUTAINVILLE, le plateau s'incurve en pente douce jusqu'à la ligne de rupture des pentes, dans cette partie la trame bocagère devient plus dense et annonce le boisement qui lui fait suite et qui occupe la partie la plus pentue du territoire communal.
La ligne de rupture des pentes se matérialise globalement par le chemin rural no 5 prolongé par celui de BRETTEVILLE. Ce boisement occupe entièrement, à l'exception d'une petite partie du "Val Loyer", le versant de la vallée, 11 fait partie d'un ensemble important qui se poursuit sur le territoire des communes de POULBEC au Nord, et de TOUTAINVILLE au Sud, il se prolonge vers le NordOuest par le "Val Durand" et vers le Sud-Ouest par la vallée des "Godeliers".
La partie basse du boisement indique un adoucissement de la pente avec réapparition de la trame bocagère.
C'est dans cette partie de la commune que se situe le bourg et la voie de communication princi-.. pale (D 312 - FOULBEC - TOUTAINVILLE).
Le reste, soit environ la moitié du territoire communal, est occupé par la vallée de la RISLE, vaste espace marécageux dans lequel serpente la rivière qui lui donne son nom, la limite communale orientale se confond avec le versant également boisé qui descend du promontoire de la Roque, entablement qui sépare la vallée de la RISLE du MARAIS VERNIER au Nord-Est.
ELEMENTS CONSTITUTIFS DU PAYSAGE
Le paysage rural est caractérisé par trois éléments : a) les terres (Agricoles ou non) b) le végétal (au sens large du terme) c) le bâti C'est l'ordonnancement de ces éléments qui crée ce que l'on appelle le paysage.
L'ESPACE RURAL EST UN ESPACE MENACE
Les menaces qui pèsent sur l'espace rural sont de deux ordres :
a) Quantitatif
b) Qualitatif
En effet, en général l'espace rural est soumis à un certain nombre de pressions qui, si elles ne sont pas maitrisées se traduiront, quand elles ne se traduisent pas déjà, par un impact important au niveau des communes rurales, et qui risque de nuire à la sauvegarde quantitative et qualitative de leur patrimoine agricole et de leur environnement.
Les pressions s'exercent dans quatre domaines principaux : Pressions :
Agricoles
Urbaines
Industrielles
Touristiques
a) Agricoles ; cette forme de pression inhérente à l'utilisation des sols, est induite par la politique agricole globale qui se traduit actuellement par : Une agriculture extensive qui sous-tend l'agrandissement parfois démesuré des parcelles et l'openfield, déjà monotone, fait place à une autre forme de structure : ce qui a pour effet de supprimer les brise vent et tend à transformer profondément le paysage, le rendent visuellement sans intérêt et deshumanisé. Cette forme d'agriculture implique : Le traitement chimique à hautes doses des sols et des cultures, en vue d'en augmenter la productivité, ce qui crée une dégradation pédologique et une eutrophisation des systèmes aquatiques. L'emploi de machines complexes et de plus en plus lourdes qui exercent également un impact sur le complexe pédologique.
b) Urbaines : c'est au niveau des points de rencontre des agglomérations et des communes rurales que les dégradations se font le plus sentir, mais il ne faudrait pas croire que l'arrière pays en soit exempt, loin de là. Le lotissement pavillonnaire, la zone industrielle ou artisanale, ardemment souhaités par les communes dans l'espoir d'une amélioration de leurs ressources financières (ou du maintien sur place de certains services publics cristallisants) dégradent l'aspect du paysage et engendrent une pression foncière qui menace durement le devenir du domaine agricole. Le nouvel habitat et les zones d'activité étant, dans la plupart des cas implantés hors du noyau traditionnel sont difficilement intégrables dans le paysage.
c) Industrielles : les multiples sujetions créées par l'industrie marquent profondément l'espace, non seulement aux abords des grandes villes mais de plus en plus au niveau des communes rurales de l'arrière pays.
d) touristiques : l'abondance ou non de sites ou de monuments remarquables ou pittoresques, la variété ou non d'une faune et d'une flore que la rareté de certaines espèces peut rendre encore plus attrayante, alliées à un désenclavement qui en facilite l'approche, soumet certaines parties du territoire rural à des pressions touristiques trop importantes et de surcroit mal réparties, ce qui a pour effet une dégradation rapide des valeurs esthétiques du paysage et une banalisation des espèces ; les plus fragiles se retirant devant cette pression touristique et étant remplacées par des espèces ou des essences plus communes.
Ainsi : pour la flore - l'exemple de l'ortie sur le talus
pour la faune - Le goeland sur le littoral, l'étourneau dans les terres, etc...
Le territoire communal présente quatre paysages aux caractéristiques bien distinctes :
1) le plateau
2) les franges bocagères
a) en sommet du plateau
b) en pied de versant annonçant le marais
3) le versant
4) le marais
LE CADRE NATUREL
Le territoire de SAINT-SULPICE DE GRAIMBOUVILLE présente un grand intérêt paysager dans la mesure où il est constitué par une alternance harmonieuse de "paysages types" qui se mettent mutuellement en valeur créant ainsi un ensemble à la fois rythmé et souple s'appuyant sur une interpénétration subtile tant au niveau du couvert végétal que des accidents géomorphologiques qu'il recouvre et contribue ainsi à accentuer.
LE PLATEAU
Géologiquement, le plateau présente les caractéristiques générales du Lieuvin, couche limoneuse épaisse sur argile à silex et substrat calcaire, il donne des terres lourdes qui étaient, dans le cadre de l'agriculture traditionnelle, vouées à l'herbage mais cette forme de spéculation tend à l'heure actuelle à reculer devant la grande culture à base de plantes industrielles génératrices d'openfield. Cependant, ce phénomène est moins accentué à SAINT-SULPICE DE GRAIMBOUVILLE que sur les communes limitrophes, où l'openfield est omniprésent, car la trame bocagère y est restée marquée et rejoint d'ailleurs un maillage plus vaste au niveau de la "Brière" et de "Cabeaumont" en limite des communes de SAINT-MACLOU et de POULBEC, l'openfield ne se développe véritablement qu'en direction de Toutainville sur le territoire de laquelle il s'épanouit.
LES FRANGES BOCAGERES
Comme nous l'avons vu précédemment, le bocage dont l'emprise demeure importante sur le territoire communal se localise à quelques exceptions près, soit en bordure sommitale du plateau, soit en limite inférieure du versant de la vallée. Sur le plateau, il occupe une zone de faible pente qui peut être circonscrite globalement entre le chemin vicinal de FOULBEC à TOUTAINVILLE et le chemin rural de BRETTEVILLE qui marque sensiblement la ligne de rupture de pentes.
Dans la vallée, il est situé dans la partie où la pente s'adoucit pour venir mourir dans les herbages du marais occupant le fond de vallée. Ces trames bocagères sont encore vivantes et abritent le plus souvent des cours complantées d'arbres fruitiers, c'est là que se situe l'habitat traditionnel diffus ainsi que le bourg, la partie bocagère située dans la vallée et traversée par la D 312 FOULBEC-TOUTAINVILLE.